Au moment où le V. C. Spinalien va affirmer une nouvelle fois sa vitalité par l’organisation des Championnats régionaux individuels de cyclisme et fêter ainsi son 70ème anniversaire, n’est-il pas indiqué de remonter aux sources et de mesurer le chemin parcouru depuis les premiers « vélocipèdes » à caoutchouc ?
Le V. C. Spinalien est né un beau jour de 1888, d’une réunion, tenue à la Grande Taverne d’alors, par quelques jeunes gens fortunés de la localité : les frères LAPICQUE, JACOTTE, VERY, ROYER, BERNHEIM, HETMANN, BONNARD, Adolphe MARLlN, DALSACE, et nous en passons, faute de les connaître tous. Les vélocipèdes, fabriqués par la Maison PEUGEOT, atteignaient le poids respectable de 21 kg, et le prix non moins respectable de 250 francs or. La première activité du club consiste en sorties en groupe, par la route fort accidentée, qui menait à Soba, Archettes, Arches, Dinozé, Saint-Laurent. A 10 ou 12 km-heure, on faisait halte de temps en temps pour un casse-croûte sur l’herbe ou un rafraîchissement dans un des cafés bordant la route ; ces sorties se terminaient généralement au « Jardin de France » situé à l’angle du Quai Michelet. Il fallait encore verser un centime pour franchir le Pont Payant. En quelques années, le V. C. S. augmente rapidement le nombre de ses sociétaires.
La loi de 1901 sur la déclaration des sociétés obligea le secrétaire Eugène THOMAS à solliciter pour le club la capacité juridique. Le Comité comprenait alors 10 membres : MM. Edwin RYDER, président ; BONNARD, vice-président ; H. LAPICQUE, trésorier ; E. THOMAS, secrétaire ; BERNARDIN, capitaine de route ; ERPINE, CODIROLLE, HUTIN, SACHOYET, GUILBERT, membres.
Le 2 Juin 1902, les premières épreuves sur piste se déroulaient au Petit Champ de Mars. Le terrain était alors un champ de manœuvres de la garnison. Les membres du club mirent la main à la pâte et la piste fut aménagée à temps pour permettre le déroulement des épreuves. Les frères SIFFERLlN, LAUTARMER, MOUGIN, de Remiremont, se taillèrent la part du lion avec DARVO et FILLIOT d’Épinal. L’expérience s’étant avérée concluante, on la renouvela l’année suivante en clôturant le terrain avec de la toile d’emballage et en exigeant un droit d’entrée de 10 centimes.
En 1905, événement notable dans la vie du club : Henri DESGRANGES le sollicita pour organiser le contrôle au passage du Tour de France, quai des Bons-Enfants. Petit Breton y parvint le premier devant bon nombre de spectateurs, les uns amusés, les autres conquis. Puis les Tours se succédèrent au Chef- Lieu.
En 1907, le crack du club, Henri STAR, avait le grand honneur de participer à l’épreuve. Il passe en 22ème position dans sa ville natale.
En 1912, GEORGET abandonnait au passage à Épinal, où le Tour passa encore en 1913 et 14. Durant toutes ces années, les coureurs, LECOMTE, DELON, ESSEMILAIRE, STAR, THIERRY, MONANGE, GALLAUZIAUX, CHAPUZOT, ROTH, POCCARIUS, CHAMPY, etc., etc., avaient remporté de nombreuses victoires sur les routes de la région.
La Présidence du club était passée, en 1912, à M. KAHN, maître-imprimeur ; malheureusement celui-ci devait disparaître durant le conflit qui opposa la France et les Alliés à l’Allemagne et qui devait interrompre toutes ces belles activités.
En 1919, il repartit de l’avant sous la .présidence de M. Maurice PETIT. Le Cyclisme connaissait alors une vogue extraordinaire. Ne vit-on pas, et ce n’était pas rare 200 coureurs au départ d’une épreuve de débutants, comme le Premier Pas Dunlop ?
Chaque année, la grande course « Les Vosges et l’Alsace » amenait sur nos routes les vedettes nationales et internationales de la route. La piste du Petit Champ de Mars, sans cesses améliorée, réunissait les meilleurs pistards régionaux adversaires des GODEL, BESSE, MARTIN et ce plusieurs fois par saison. Sur la route, DEANTONI, Émile GEHIN, CARLY, FROMENT, GRAN JEAN, GARLON GILLEN, LAURENT tenaient tête aux Nancéiens GREGOIRE, GERARDIN, CAILLEUX et autres. Le pistard MARCOT avait atteint la classe internationale et participait à de multiples épreuves de « Six Jours » Il faillit même enlever ceux de Paris en 1928.
Les militaires stationnant à Épinal contribuaient à la bonne marche de la société. C’est ainsi qu’Antonin MAGNE, soldat au 170ème R. I., remporta six victoires sous le maillot du V.C.S.
Après ces années fastes, le V. C. S. eut à faire face, sous la présidence de M. Marius CORDELIER, à des moments difficiles. Une scission s’était produite au sein du comité et plusieurs dirigeants avaient rejoint une société concurrente. Heureusement une solide amitié unissait les CORDELIER, Charles WILLIAMS, BIANCONÉ, HUTIN, Henri FRAY. Cette amitié leur permit de laisser passer l’orage et de reprendre le dessus vers 1937.
Puis ce fut la marche sans cesse croissante du Circuit des Vosges, qui avait succédé aux Vosges et l’Alsace. Le 15 Août 1939, la réunion d’arrivée groupait des milliers de spectateurs autour de la piste spinalienne. Hélas ! Une fois encore, la guerre interrompait l’activité du club.
En 1947, Robert LUDWIG, un ancien champion du V. C. S., reprenait le flambeau et ramenait la société à son rang sur le plan régional en 5 années d’efforts et de nombreuses organisations. En 1951, Raymond GUILLAUME lui succédait et depuis le mandat de président lui a été sans cesse renouvelé. Le V. C. S. continue, sous une sage direction, à briller sur les routes lorraines, franc-comtoises ou alsaciennes.
Ses organisations sont des modèles du genre et rappelons la réunion du Critérium des Tours de France 1953, avec le meilleur plateau du moment, Louison BOBET en tête d’affiche. Souvenons-nous aussi de l’organisation de la demi-étape Besançon- Épinal du Tour 1954, encore gravée dans toutes les mémoires spinaliennes. Tous les ans, 5 à 6 épreuves sont mises sur pied. Elles ont toujours la faveur des coureurs et du public. Les uns et les autres savent quel dévouement et quelle volonté de bien faire sont mis en œuvre pour chacune d’elles.
Sur le plan local, le V. C. S, ne s’est jamais départi d’une ligne de conduite de solidarité envers les autres sociétés. Son matériel acquis au pris de gros sacrifices après la guerre, mis à leur disposition, a permis la réussite financière de nombreuses fêtes et réunions de plein air. Il n’est pas de groupement, depuis la Société des Fêtes jusqu’aux gymnastes, en passant par la Fête des Écoles laïques, le Rassemblement P. G., d’Épinal, les Fêtes du Millénaire, Festival des Images, Congrès National des Sapeurs Pompiers, Foire-Exposition Vosgienne, qui n’aient a se féliciter de la collaboration qu’ils ont trouvé en s’adressant au V. C. S.
En rendant hommage à nos Fondateurs et aux Anciens, aujourd’hui disparus, nous resterons fidèles à notre idéal.
Vieux club, Esprit jeune, le V. C. Spinalien souhaite une amicale bienvenue à ses hôtes des Championnats de lorraine 1959.
G. B.
La suite de l’histoire (après 1959 ) se résume ainsi : A la fin de l’année 1960 et après une dernière victoire de Lucien MARIE (père de Francis) au Grand Prix d’Épinal, le comité du club décide sa " mise en sommeil " pour des raisons que lui seul (« Lulu MARIE " ) pourrait nous évoquer.
Sur sollicitation d’Albert JANTET, une réunion a lieu le 27 Septembre 1967 au Café du Commerce à Épinal ; Raymond GUILAUME accepte de réactiver le club après l’Assemblée Générale du 8 Octobre suivant mais laisse " impérativement " sa place de Président à Henri FRAY, afin de ne pas subir les critiques du passé. La ré-affiliation est décidée pour le 1er Janvier 1968.
Liste des Présidents depuis 1901